Esprit Planète couvre depuis plusieurs années de gros événements, notamment des festivals comme Rendez-Vous de l’Erdre, Dubcamp, Les Goutez Electroniques … Après plusieurs jours de concerts, et quelques centaines de fûts percés, ce sont des milliers de gobelets réutilisables qu’il faut alors laver. Nous avons décidé de rester local, et de travailler avec des personnes en situation de handicap afin de valoriser chacun.
Nous sommes allés rencontrer les 130 travailleurs dans l’ESAT de Nantes, ainsi qu’Emmanuel Rouiller, adjoint technique.

Qu’est-ce q’un ESAT et comment cela fonctionne?

Littéralement, c’est un Etablissement et Service d’Aide par le Travail. On est là pour accompagner des personnes en situation de handicap, sur du handicap psy, et de la déficience intellectuelle. Nous faisons en sorte qu’ils aient une activité stimulante et qu’ils gagnent en autonomie. Aujourd’hui, être citoyen, c’est avoir un travail. Nous voulons les faire monter en compétence et adapter ce qu’on peut proposer aux compétences de chacun.
Nous avons deux pôles d’activité : un pôle sous-traitance et un pôle technique et logistique. Nous accompagnons les personnes sur des supports de logistique, d’assemblage mécanique, de maintenance… Les équipes accompagnées ou autonomes vont travailler dans des entreprises. Au niveau de la structure, il y a une responsable d’établissement qui est là pour gérer l’activité, du budget à la stratégie. Il y a deux cadres de proximité au service du travail : l’un sur le volet technique et organisationnel et l’autre sur le volet accompagnement, pour être sûr de répondre à cette montée en compétence et d’assurer le bien-être au travail. Il faut que la personne, en fonction de sa pathologie, soit bien dans sa pratique.

Quelles sont les différentes tâches au sein de leur travail?

Nous faisons en sorte que les personnes soient les plus autonomes possibles et que tout type de handicap puisse participer à une tâche technique, aussi complexe soit-elle. On séquence donc le processus. Par exemple, en câblage, nous faisons des tableaux électriques. Certains travailleurs sont uniquement missionnés sur de la coupe, d’autres sont sur la connectique etc. En séquençant au maximum, même une personne avec des compétences moindres se sent aussi investie dans un environnement qui peut paraître technique et pas à sa portée à la base. Au fur et à mesure, nous pouvons faire progresser par étapes. On fait donc du câblage, de la logistique, de l’assemblage mécanique, du conditionnement, du mailing… Nous lavons aussi des gobelets réutilisables, des bocaux… Nos travailleurs s’inscrivent dans un atelier et vont ainsi eux-mêmes à la rencontre du travail. Ils ne resteront pas plus d’une semaine dans un même endroit, dans une même pièce. ESATCO représente aujourd’hui plus de 130 travailleurs.

Laver des gobelets réutilisables, c’est parlant pour eux car ils connaissent souvent les festivals, avec un coté ludique et agréable du support. Il savent que l’on intervient dans une démarche intelligente de recyclage et ça valorise leur travail. On est acteur de l’écologie et on essaie d’en parler.

Le champ des possibles est infini et ESATCO peut intervenir sur des supports complètement différents, et les travailleurs n’ont qu’une seule envie : qu’on leur propose des choses. Nous sommes bluffés par ce qu’ils réussissent à produire.