218000, c’est le nombre de gobelets jetables qui ont été nécessaires à la conception de la première piste cyclable incorporant majoritairement du plastique recyclé. Présentée comme un modèle parfait d’économie circulaire, la Plastic Road est une innovation prometteuse, non pas pour enrayer, mais pour limiter la pollution engendrée par le plastique « éphémère ».

PlasticRoad, une solution pour valoriser des déchets plastiques

Depuis le 11 septembre 2018, les cyclistes de Zwolle aux Pays-Bas peuvent désormais emprunter une piste cyclable réalisée essentiellement à partir de gobelets jetables. Nommée Plastic Road, cette portion d’une trentaine de mètres est le fruit de la collaboration conjointe de 3 entreprises, KWS (NL), Total (FR) et Wavin (NL).

Un revêtement routier intégrant 70 % de plastique recyclé

Depuis quelques années, de nombreuses entreprises et jeunes pousses cherchent à mettre au point des solutions visant à donner une seconde vie aux millions de tonnes de déchets à usage unique générés chaque année, par exemple, pour produire des bouteilles de soda. Parmi celles-ci :

  • la dépolymérisation du plastique en carburant ;
  • l’intégration de ce matériau dans les revêtements utilisés pour la conception des routes. Ainsi, la start-up britannique Macrebur a développé des revêtements routiers intégrant effectivement du plastique mais en très faible proportion (de 5 à 10 %).

L’innovation portée par le projet Plastic Road, c’est l’incorporation de 70 % de déchets plastiques dans la composition de ce revêtement routier. Un véritable défi technique qui a ainsi permis de valoriser l’équivalent de 218000 gobelets en plastique ou d’un demi-million de bouchons de bouteille pour concevoir cette portion de 30 m de piste cyclable.

Economie circulaire et respect de l'environnement : la route parfaite ?

Si l’intégration d’une quantité importante de plastique à usage unique est évidemment la clef de voûte de ce concept, la Plastic Road présente bien d’autres avantages :

  • la longévité de ce tronçon est trois fois supérieure à celle une route faite d’asphalte. Cette propriété permet ainsi d’économiser matériaux et énergie indispensables à son entretien et à son renouvellement ;
  • le drainage de l’eau est facilité : la construction de nouvelles routes contribue à l’imperméabilisation des sols et à l’augmentation du risque d’inondation en cas de fortes précipitations. Avec la Plastic Road, le drainage de l’eau est bien meilleur, celle-ci s’infiltrant dans le sol à travers la route. Par ailleurs, cela réduit la formation de flaques et donc les risques de chute ;
  • une conception plus rapide et moins énergivore : la construction d’une telle route se fait à l’aide de modules qui s’emboîtent les uns dans les autres. De fait, le gain de temps estimé est de 70%. Par ailleurs, ce système est bien plus léger et nécessite donc moins de carburant pour sa manipulation et son transport ;
  • économie circulaire : selon les concepteurs, en fin de vie, ces mêmes modules sont eux-mêmes valorisables à 100%. Une fois collectés, ceux-ci sont transformés en granulés utilisés dans la fabrication de nouveaux modules.
Route en plastique

Le plastique va-t-il se substituer à l'asphalte ?

La Plastic Road présente indéniablement de nombreux atouts. Toutefois, sans chercher à regarder systématiquement le verre à moitié vide, celle-ci est encore perfectible. En effet, selon les concepteurs eux-mêmes, plusieurs aspects bloquent encore son développement à grande échelle :

  • dissémination de microparticules : la circulation entraîne une immanquable usure du revêtement routier. Ainsi, le passage des roues provoque une libération dans l’atmosphère de microparticules de plastique. Outre leur éventuelle inhalation, celles-ci peuvent être disséminées sur une large superficie, au gré des vents. Les particules finissent donc dans le sol, les rivières et à terme, dans les océans ;
  • adhérence imparfaite : le côté rugueux de l’asphalte est moins présent sur la Plastic Road. Celle-ci est de fait plus lisse, ce qui peut poser des problèmes d’adhérence ;
  • exposition aux incendies : l’inflammation possible du revêtement n’est pas non plus à exclure ;
  • des déchets propres uniquement : les plastiques utilisés pour cette nouvelle technologie ne doivent pas être dégradés. De fait, les millions de tonnes flottant dans les océans ne peuvent être recyclés ;
  • coût trop élevé : comme bien souvent, cette solution est pour le moment bien plus onéreuse qu’une route en goudron.

Si cette innovation est évidemment perfectible, elle peut être l’une des réponses permettant de réduire le problème du plastique jetable se retrouvant dans les différents écosystèmes. Toutefois, elle ne saurait être la solution à elle-seule, car il reste plus efficace de traiter le problème à la base. Cela passe évidemment par une interdiction du jetable au profit de solutions réutilisables comme le CUP50, les gobelets réutilisables format pinte de bière, mais également par l’adoption par chacun de gestes éco-responsables.